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22 avril 2022 5 22 /04 /avril /2022 12:31
Michel Bouquet 1925-2022 : In mémoriam

 

 

 

 

MICHEL BOUQUET : il fut l'un des plus grands acteurs français tant au théâtre qu’au cinéma.

Né le 6 novembre 1925 à Paris dans le XIVème arrondissement, il est mis en pension à l’âge de 7 ans et son caractère réservé le laisse en butte à la cruauté de ses condisciples. Il exerce plus tard, durant la guerre, de petits métiers pour aider sa mère qui élève seule ses 3 enfants, son époux étant prisonnier. C’est elle qui lui fait découvrir les salles de spectacle. En 1943, Maurice Escande lui propose de suivre ses leçons et il intègre ensuite le cours d’art dramatique (où il devient professeur en 1977) avec Gérard Philippe. A l’Atelier il est compagnon de Jean Anouilh et d’André Barsacq puis de Jean Vilar au TNP et au festival d’Avignon.

Ses débuts les planches sur se font en 1944 avec La première étape de Claude Géraldy. 2 ans plus tard il tient le rôle principal de Roméo et Jeannette de Jean Anouilh. Il joue d’autres pièces de cet auteur que celui-ci met souvent en scène : Le rendez-vous de Senlis, L’invitation au château, L’alouette, Pauvre Bitos (1956-1957 ; 1967) et en 1968 Le boulanger, la boulangère et le petit mitron. Il participe aux créations des pièces d’Albert Camus comme Caligula en 1945, Les justes en 1949. Il fait connaître des auteurs tels qu’Harold Pinter avec La collection et L’amant en 1965, puis L’anniversaire en 1967, No man’s land en 1979-1980 et Hot house en 1986. Ce sera également le cas pour Eugène Ionesco avec Rhinocéros en 1961 dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault. Il reprend souvent Le roi se meurt (1994 ; 2004-2006 ; 2010 et 2014) : ce rôle lui vaut en 2005 un second Molière. Il est Pozzo dans En attendant Godot de Samuel Beckett en 1978 puis joue en 1995-1996 dans Fin de partie.

C’est pour la pièce de Bertrand Blier Les côtelettes jouée entre 1997 et 1998 et mise en scène par Bernard Murat qu’il obtient son 1er Molière. Le cinéma l’adapte en 2003. Il reçoit en 1975 le prix du syndicat de la critique pour Mr Klebs et Rosalie de René de Obaldia (filmée pour la télévision en 1977). Certaines pièces sont souvent mises à son répertoire : celles de Molière comme L’avare (1987-1988 ; 2007-2008), Le malade imaginaire (1987, 2008-2009) ou Tartuffe (interprété pour la 1ère fois en 1944 et pour lequel il obtient un globe de cristal en 2018). Le neveu de Rameau de Diderot est jouée en 1978 puis en 1983-1984. Les auteurs dont il interprète les personnages sont très variés : N. Gogol, W. Shakespeare, A. Gide, T. Maulnier, T.S. Elio, F. Garcia Lorca, Aristophane, A. Strindberg, G.B. Shaw.

Bien qu’ayant annoncé en 2011 qu’il renonce à se produire sur scène, il joue de nouveau dans A torts et à raisons de Ronald Harwood en 2015 et 2016. Ce rôle lui a déjà été confié en 1999 dans une mise en scène de Marcel Bluwal. Il le reprend en 2000 et 2001. Cette exception comprend également Le roi se meurt. Fabrice Luchini lui remet en 2014 un Molière d’honneur.

Sa carrière au cinéma débute en 1947 avec Monsieur Vincent de Maurice Cloche aux côtés de Pierre Fresnay puis dans Manon d’H.G. Clouzot en 1948. Il tourne en 1955 pour Abel Gance dans La tour de Nesles. Il interprète souvent des rôles antipathiques, des personnages sombres et équivoques pour des metteurs en scène de différentes générations. Claude Chabrol : Le tigre se parfume à la dynamite en 1965 avec Roger Hanin, La route de Corinthe en 1967 avec le réalisateur, Jean Seberg et Maurice Ronet. Pour La femme infidèle en 1969, La rupture en 1970, Juste avant la nuit en 1971 et Poulet au vinaigre en 1985 sa partenaire est Stéphane Audran. La danse de la mort en 1982 est un film destiné à la télévision. François Truffaut : La mariée était en noir en 1968 avec Jeanne Moreau et La sirène du Mississipi avec Catherine Deneuve. Yves Boisset : Un condé en 1970 et L’attentat en 1972. André Cayatte : Il n’y a pas de fumée sans feu avec Annie Girardot en 1972 et La raison d’état avec Jean Yanne et Monica Vitti en 1978. Il est un PDG autoritaire dans Le jouet de Francis Weber avec Pierre Richard en 1976, le redoutable Javert dans Les misérables de Robert Hossein avec Lino Ventura en 1982, un peintre dans Tous les matins du monde d’Alain Corneau en 1991 (qui réalise en 1973 France société anonyme) et dans Renoir de Gilles Bourdos en 2012. Son partenaire est Alain Delon dans Borsalino de Jacques Deray en 1970 et Deux hommes dans la ville de José Giovanni en 1973. G. Axel réalise Le festin de Babette (avec Stéphane Audran) en 1987, puis Leïla en 2001. Pour la TV c’est Le curé de Tours en 1980 et un an plus tard Antoine et Julie.Il a été filmé par d’autres grands noms du cinéma : J.L. Bertuccelli, Henri Verneuil, Roger Pigaut, Etienne Perier, Michel Audiard, Elie Chouraqui, Yannick Andrei, Jean Becker, Bernard Stora, Nadine Trintignant et Nelly Kaplan (courts métrages : Rodolphe Bresdin en 1961, Papa les p’tits bateaux en 1971 et pour la TV Patte de velours en 1985). Il est sacré meilleur acteur européen en 1991 dans le cadre du prix du cinéma européen pour son rôle dans Toto le héros de Jacob Van Dormael.

Son rôle de Maurice dans Comment j’ai tué mon père d’AnneFontaine avec Charles Berling lui vaut la Lumière du meilleur acteur et le César en 2002. La même statuette lui est attribuée en 2006 pour son interprétation du rôle du président dans Le promeneur du Champ de Mars de Robert Guédiguian. Il joue en 2021 dans Cérémonie secrète de T. Becquet Genel.

A la télévision, outre des pièces filmées, il apparaît dans des films de Claude Loursais, Maurice Cazeneuve, Yannick Bellon, Claude Santelli, Maurice Cravenne t Lazare Iglésis ou dans des émissions telles que La caméra explore le temps.

Dans les courts et moyens métrages, il est narrateur. C’est le cas de Nuit et brouillard d’Alain Resnais en 1956, Villages de Paris et Novembre à Paris de François Reichenbach en 1956, de Bonjour Mr La Bruyère de J. Doniol-Valcroze en 1958, de La fabuleuse histoire de Marco Polo de Denis de La Patelière en 1964 et des documentaires de Paul Barba-Negra de 1976 à 1987 (Reims, Paris, Delphes, Versailles…).

Il prête sa voix pour des cours et des lectures enregistés dont en 2017 la lecture du poème de Georges Brassens Il n’y a pas d’amour heureux ou en 2019 celle de Jean de La Fontaine. En 1995 un livre-audio : Les mots de Jean-Paul Sartre. Son nom est associé à des publications : La leçon de comédie en 2010, Mémoire d’acteur l’année suivante et Michel Bouquet raconte Molière en 2017.

Chevalier de la Légion d’honneur en 1983, il gravit tous les échelons de cette distinction et devient Grand Croix en 2018. L’année suivante il reçoit la médaille de la Renaissance française. En 2006, il a reçu le grand prix in Honorem de l’académie Charles Cros.

Vie privée : Il épouse en 1954 la comédienne Ariane Borg, de 10 ans son aînée, (1915-2007), rencontrée en 1945. Elle a joué pour G.W. Pabst dès 1933, puis pour Marc Allégret, Julien Duvivier. A Londres, elle est logée par Mary Pickford (cofondatrice avec son mari Douglas Fairbanks et Charlie Chaplin de United Artists) veut l’adopter, ce qu’elle refuse par égard pour sa propre mère. Elle rencontre nombre de célébrités pendant la guerre où sa carrière décolle (Jean Cocteau voulait lui confier le rôle de Belle) Au théâtre ce furent : La Célestine d Paul Achard en 1942 puis 1945 et 1946, Le roi Lear en 1945, puis en 1956 Chatterton d’Alfred de Vigny, mis en scène par son époux au théâtre de L’œuvre. Il la quitte en 1967 et elle ne s’en remettra jamais, manquant de mourir en entamant une grève de la faim (elle perd 25 kilos). Le divorce est prononcé en 1980. Elle repose à Couilly-Pont-aux-Dames, commune où elle séjournait en maison de retraite, ayant toujours regretté de ne pas être restée aux Etats-Unis. Il épouse en 1970 une autre comédienne qui partage à plusieurs reprises l’affiche théâtrale avec lui, par exemple dans Le roi se meurt, filmé pour la TV et A torts et à raisons : Juliette Carré, née en 1933 à Etais-la-Sauvin dans l’Yonne où le couple venait souvent dans la maison de famille et où il pourrait être inhumé.

Michel Bouquet est décédé le 13 avril 2022 dans un hôpital parisien. Un hommage national, présidé par Emmanuel Macron, lui sera rendu le 27 avril aux Invalides, «  conformément aux souhaits de la famille".

 

............................................................................................................................................Claudine

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