LA MOSTRA et les autres récompenses du cinéma italien.
La Mostra de Venise ou festival international du film de Venise, une des plus importantes réunions du monde du cinéma à l’égale du festival de Cannes (mai), de la Berlinale (février) et des Oscars (décembre) a lieu en septembre dans le palais du cinéma inauguré en 1937 au Lido, était liée à la Biennale, festival culturel d’art contemporain, dont elle constitue la partie cinéma et en respectait la périodicité : elle est devenue annuelle en 1935. Elle a été créée en 1932 par Giuseppe Volpi di Misurata considéré comme le « père » du festival et dure maintenant 11 jours. Le 1er long-métrage présenté le 6 août 1932 fut Docteur Jekyll et mister Hyde de Robrt Mamoulian. Les films présentés se répartissent en 4 sections : compétition, horizons, semaine de la critique et quinzaine des réalisateurs. Au début, c’est un référendum organisé parmi le public qui attribue les choix (pas encore de prix) : René Clair avec A nous la liberté est jugé film le plus amusant. En 1934 apparaît la coupe Mussolini qui récompense les meilleurs films, étranger et italien, par l’entremise d’experts et du public. Des « grandes médailles d’or » sont attribuées : Katharine Hepburn en reçoit une. Scandale quand Hedy Lamarr paraît nue sur l’écran dans Extase.
La coupe Volpi qui récompense les acteurs est créée en 1935 (en 2022 Kate Blanchett la reçoit pour Tàr de Todd Field et Colin Farell pour Les Bansheers d’Imisherin). En 1936 un jury international est constitué. En 1938, par des pressions politiques, les vainqueurs sont imposés et les films primés dont Les dieux du stade de Leni Riefenstahl sont œuvre de propagande. Cette année-là le dessin animé Blanche-Neige et les 7 nains est couronné d’un 1er prix. Durant la seconde guerre mondiale, les éditions 1940, 41, 42 accueillent loin de Venise peu de pays. A partir de 1946, en accord avec Cannes, la manifestation a lieu en septembre. Les grandes figures du cinéma reviennent. L’année suivante marque le retour des ouvres de l’URSS absentes depuis 1935 et le palais des Doges offre un décor splendide au festival avant que celui-ci ne retourne au Lido 2 ans plus tard.
1949 est l’attribution du 1er Lion d’or pour Manon d’Henri-Georges Clouzot. D’abord nommée Lion de saint-Marc puis Grand Prix international de Venise, cette récompense prend son nom actuel en 1954, après avoir été la coupe Mussolini jusqu’en 1942. Quelques années plus tard, la Mostra révèle le cinéma japonais avec le Lion d’or d’Akira Kurosawa pour Rashomon. Les années 50 font la part belle à Federico Fellini et Michelangelo Antonioni.En 1957 c’est au tour du cinéma indien d’être à l’honneur (L’invaincu de Satyajit Ra). Luchino Visconti ne reçoit la prestigieuse récompense qu’en 1964 avec Sandra. Rocco et ses frères ayant été écarté par Le passage du Rhin d’André Cayatte. Carl Theodor Dreyer, Ingmar Bergman, Robert Bresson, Claude Chabrol dont Le beau Serge en 1958 est considéré comme le 1er film de la nouvelle vague, Elia Kazan, Billy Wilder tout comme Marlon Brando, Sophia Loren, Silvana Mangano et Giulietta Masina sont récompensés.
Le cinéma italien acquiert dès les années 60 ses lettres de noblesse tant par les réalisations primées : Main basse sur la ville de Francesco rrosi en 1963, Le désert rouge de M. Antonioni en 1964, Sandra (voir plus haut) et La bataille d’Alger de Gilles Pontecorvo (éditeur de la Mostra de 1992 et directeur en 1996) en 1966 que par l’arrivée de nouveaux acteurs comme Claudia Cardinale, Monica Vitti et Marcello Mastroianni. Durant 10 ans à partir de 1969, la manifestation se tient mais les prix ne sont pas attribués et la Mostra n’a pas lieu en 1973, 1977, 1978. A partir de 1971, un Lion d’or pour l’ensemble de la carrière est créé. John Ford puis Charlie Chaplin en seront les lauréats tout comme Dustin Hoffman, Al Pacino, Robert de Niro ou encore Francis Ford Coppola. . Dans les années 80, un nouveau directeur veut rendre au festival son prestige un peu perdu et réussit à le rendre de nouveau compétitif. Il favorise par exemple l’émergence du cinéma allemand (Wim Wenders, Rainer Werner Fassbinder). En 1983, son successeur suit sa ligne mais le jury est composé uniquement de cinéastes. Ce seront Bernardo Bertolucci, Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou encore Eric Rohmer. En 1988, deux nouvelles manifestations viennent enrichir la Mostra : « Horizons » et « Nuits » avec des « Evénements spéciaux ». En 1988 est découvert Pedro Almodovar.
En 1999, des infrastructures sont développées comme la structure suspendue, le Pala Lido, qui accueille un plus grand public et augmente le nombre d’écrans. La superficie totale approche les 11 000m2. Cette année voit la présentation posthume de Eyes wide shut de Stanley Kubrick.En 2001, parallèlement au Lion d’or apparaît le Lion de l’année qui récompense des œuvres innovantes et audacieuses. Pour la 60ème édition Woody Allen vient pour la 1ère fois et présente Anything Else. La présence de nombreuses stars hollywoodiennes donne du poids au festival.
Des réalisateurs ont été primés par 2 fois : André Cayatte avec Justice est faite en 1950 et Le passage du Rhin en 1960 ; Louis Malle avec Atlantic city en 1980 et Au revoir les enfants en 1987 ; Zhang Yimou avec Qiu Ju, une femme chinoise en 1992 et Pas un de moins en 1999 ; Ang Lee avec Le secret de Brokeback Mountain en 2005 et Lust, caution en 2007. 6 femmes se sont illustrées : Margarethe von Trotta en 1981 avec Les années de plomb, Agnès Varda en 1985 avec Sans toit ni loi, Mira Nair en 2001 avec Le mariage des moissons, Sofia Coppola en 2010 avec Somewhere, Chloé Zhao en 2020 avec Nomadland et Audrey Diwan en 2021 avec L’événement. A côté des lions d’or et d’argent figurent également le prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir masculin (depuis 1998), le prix Robert Bresson (depuis 2000) et le prix Jaeger-Lecoultre Glory to the filmmaker.
David di Donatello : depuis 1955, cette distinction est attribuée par l’Academia del Cinema Italiano pour récompenser l’excellence du cinéma de ce pays. La statuette à l’effigie du célèbre David de Florence œuvre de Donatello est recouverte d’or par Bulgari. La cérémonie a d’abord lieu à Rome puis en Sicile, à Taormine jusqu’en 1970. De retour dans la capitale, puis à Florence elle se passe maintenant, en avril, dans différents lieux comme Cinecitta ou depuis 1991 au Circus Maximus. Sont primés le meilleur film, réalisateurs (débutant, étranger), le meilleur acteur, la meilleure actrice, de même pour le second rôle, le scénario, le producteur et d’autres catégories, avec également le meilleur film de l’union européenne (Jacques Audiard en 2010 : Un prophète) et de l’étranger (Clint Eastwood en 2005 : Million dollar baby) et des récompenses spéciales telles le David Luchino Visconti (en 1984 : F.Fellini pour toute sa carrière) et le David René Clair (1986 : F.Fellini avec Ginger et Fred). Parmi les lauréats : Anna Magnani en 1958 pour le film de Georges Cukor Car sauvage est le vent ; Sophia Loren en 1961,64, 65, 70,74 et 78 dans Une journée particulière ; Marcello Mastroianni en 1964 pour Hier, aujourd’hui, demain de Vittorio de Sica puis en 1965, 1986 et1995. Outre l’attribution des prix, le jury choisit le film qui entrera en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger. Lors du 30ème anniversaire de l’institution, en 1986, des médailles d’or de la ville de Rome ont été attribuées à Gina Lollobrigida, Federico Fellini et Marcello Mastroianni.
Le ruban d’argent : ( Nastro d’argento) remis par le Sindacato Nazionale Giornalisti Cinematografici Italiani (SNGCI) est, depuis, 1946 le plus ancien prix d’Europe, destiné à honorer le cinéma italien. Il est remis à l’issue du festival de Taormine début juin. Les catégories honorées sont les mêmes que dans les autres manifestations connues. Voici quelques exemples : meilleur film, en 1949 Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica (retenu également pour le scénario) ; meilleure actrice : Gina Lollobrigida en 1963 dans Vénus impériale de Jean Delannoy ; meilleur acteur en 1952 Toto dans Gendarmes et voleurs de Mario Monicelli ; meilleure actrice dans un second rôle Silvana Mangano dans Mort à Venise de Luchino Visconti en 1972 ; meilleurs interprètes étrangers : Ingrid Bergman dans Stromboli de Roberto Rossellini en 1951 et Fernandel dans Le petit monde de Don Camillo de Julien Duvivier en 1952. Steven Spielberg remporte le ruban du meilleur film étranger en 1999 avec Il faut sauver le soldat Ryan.
...............................................................................................................................................Claudine
