Après la projection :Un Américain à Paris: Georges Gershwin a écrit, dans les années 20, ce poème symphonique d’une durée de 17mn après un voyage dans notre capitale dont il rapporta la grâce et les klaxons des taxis. Trente ans plus tard, Vincente Minnelli en fit un film de presque deux heures…Un film en deux temps, de réquisitoire et d’hommage. Réquisitoire, car s’il y est question d’amour, à Paris… c’est normal, le réalisateur et son scénariste Alan Jay Lerner fustigent tout d’abord, le marché de l’Art ! Et l’on entend que ce n’est pas le génie de l’artiste qui fait sa réputation, mais ses relations féminines. Milo, riche héritière, veut « aider » l’artiste-peintre Jerry, contre compensation affectueuse…que Jerry refuse, amoureux qu’il est de Lise. Car l’Artiste n’est pas vénal : Milo demande le prix pour une toile. « Je ne sais pas, rétorque Jerry, je ne pensais pas vendre !». Milo montre, plus loin, son incompréhension de l’Art et de la Création artistique : elle décide d’organiser une expo, et ne donne qu’un bref délai pour sa préparation. Voilà pour la peinture, et qu’en-il de la musique ? C’est le temps de l’hommage, pour le dernier tiers du film : la musique de Gershwin traverse le siècle sans prendre une ride. Le compte de Milo réglé, Jerry rêve et l’espace se déforme, se dilate, les personnages se dédoublent comme le fantastique pianiste Oscar Levant, les chants de Georges Guétary nous entrainent, comme la merveilleuse chorégraphie de Gene Kelly, épris de Lise-Leslie Caron, éblouissante débutante qu’il avait dans la vraie vie, ramenée de Paris. Tout s’emmêle musique, chorégraphie, réalité, fiction, et années folles avec le Moulin Rouge, la Goualeuse, Lautrec, le Guignol du Luxembourg, les jolies robes et les beaux militaires à moustache, pour notre plus grand plaisir. Et l'Amour triomphe! Ce que nous attendions ! Le véritable Art, comme l'Amour n’est-il que rêve ? H.M.