Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mai 2020 7 24 /05 /mai /2020 09:53

Le temps passe, c'est son rôle. C'est aussi le notre de nous souvenir qu'un "bon film" est un ensemble de bon scénario, bonne histoire, bonne musique, bonnes images et mise en scène et aussi bons acteurs. Michel Piccoli avec d'autres acteurs français fut une tête d'affiche, celui qui mettait en valeur l'oeuvre. Longtemps cantonné à des personnages ingrats il parvint malgré tout à gagner le cœur du public. Le Ciné-Club de Lamorlaye se souvient de  sa première projection en Mars 1983 "La passante du Sans-Souci" avec Romy Schneider et Michel Piccoli. Nous l'avions passé en 35mm. La grande salle du Foyer Culturel était comble! Vincent était à la technique et Jean à la présentation.  Merci à Claudine de retracer ci-dessous la longue biographie d'un homme du Patrimoine cinématographique français. 

Homme de théâtre, réalisateur de courts métrages, acteur à l'importante filmographie, défesuer de ses convictions politiques, Jacques Daniel Michel Piccoli est né le 27 décembre 1925 à Paris XIIème d’un père violoniste, originaire du Tessin, et d’une mère pianiste. Il étudie au cours Simon et joue en 1945 dans L’invasion de Léonid Léonov. Il débute au cinéma comme figurant dans Sortilèges de Christian Jaque en 1945 puis Louis Daquin lui confie des rôles dans Le point du jour et Le parfum de la dame en noir en 1949.

Mais c’est surtout au théâtre qu’il est présent, en particulier dans celui de Babylone, coopérative ouvrière qui met en scène Ionesco et Beckett et des pièces souvent mises en scène par Jean-Marie Serreau comme Spartacus de Max Aldebert ou La maison brûlée de Strinberg.

En 1954, il épouse l’actrice Eléonore Hirt (décédée en 2017) ; ils ont une fille : Anne- Cordelia. Dans son autobiographie, il confie être froissé avec elle, ne pas savoir ce qu’elle devient. Il tourne French-Cancan de Jean Renoir.

Il rencontre Luis Bunuel en 1956 et tournera 6 films sous sa direction :La mort en ce jardin ( où, devenu athée, il incarne le père Lizardi) ; Ce seront ensuite le journal d’une femme de chambre(1963) ; Belle de jour(1967) ; le charme discret de la bourgeoisie(1972) ; le fantôme de la liberté(1974) ; cet obscur objet du désir( 1977). Il intervient également dans 2 courts métrages :Les paradoxes de L.B en 1997 et A propos de L.B en 2000.

Il joue dans le Doulos de Jean-Pierre Melville, mais est révélé au public avec Le mépris de Jean-Luc Godard aux côtés de Brigitte Bardot. Il tourne ensuite avec les plus grands metteurs en scène ( voir filmographie plus loin)

En 1966, il épouse la chanteuse Juliette Gréco, rencontrée sur le plateau de tournage du court- métrage : Saint-Tropez, devoir de vacances en 1952. Leur union a duré 11 ans et la rupture brutale voulue par Juliette a beaucoup marqué le comédien.

Il épouse en 1978 la scénariste Ludivine Clerc et ils adoptent 2 enfants d’origine polonaise, aujourd’hui âgés d’une trentaine d’années : Inord et Missia.

Engagé à gauche, il se mobilise pour Amnesty International et soutient la candidature de François Mitterand à la présidence de la République en 1974 et en 1981. Il signe, avec 150 intellectuels, un texte de soutien à Ségolène Royal en 2007 et rédige une lettre ouverte à Martine Aubry , alors 1ère secrétaire du PS , en mai 2009 pour que les parlementaires socialistes adoptent la loi Création et Internet.

Sa carrière cinématographique s’est orientée autour de 2 axes : les longs et les courts métrages ; commençons par ceux- ci qui ont été, eux aussi fort nombreux, qu’il y ait interprété un rôle ou été récitant ou voix . Lui- même a réalisé : Train de nuit en 1994, Ecrire contre l’oubli en 1991 et La plage noire en 2001.De 1950 à 1952, il participe aux réalisations de Paul Daviot : Terreur en Oklahoma, Chicago digest ou Tortiola( son rôle) contre Frankensberg. Pour la CGT il intervient dans Horizons. Il est, en 1958, récitant dans La France romane. En 1961 : Le rendez- vous de Noël d’André Michel ; 1962 : Parisienne, Parisiennes de Féri Farzaneh et Le temps des assassins d’Ado Kyrou. 1963 :Paparazzi et en 1963 : Bardot et Godard ou le parti pris des choses de Jacques Rozier. Il accompagne Agnès Varda, avec laquelle il a tourné en 1965 Les créatures pour les demoiselles ont eu 25 ans en 1993 et L’univers de Jacques Demy en 1995.

Autres films : J’ai choisi de conserver la chronologie ( avec quelques entorses quand le même metteur en scène est cité).Destinées de Jean Delanoy en 1952 ( puis en 1961, le rendez-vous) ; Les sorcières de Salem de Raymond Rouleau en 1956 ; Compartiments tueurs de Costa-Gavras en 1965( et un homme de trop en 1967) ; 1965 voit également :La guerre est finie d’Alain Resnais, Lady L de Peter Ustinov et Paris brûle-t-il de René Clément où il incarne Bernard Pisani. En 1966, avec Jacques Demy : Les demoiselles de Rochefort (en 1982 : Une chambre en ville) et avec Nadine Trintignant : Mon amour, mon amour. En 1967, Benjamin ou les mémoires d’un puceau de Michel Deville ; 1969 : L’étau d’Alfred Hitchcock. Il tourne pour la 1ère fois avec Marco Ferreri : Dillinger est mort ; suivront : l’audience en 1970, Liza en 1971, la grande bouffe en 1973, un des grands scandales du festival de Cannes, Touche pas à la femme blanche puis La dernière femme en 1975).

En 1970, il tourne aux côtés de Romy Schneider, Les choses de la vie( un disque avec les 2 acteurs sera enregistré)sous la direction de Claude Sautet qu’il retrouve en 1971 avec Max et les ferrailleurs, en 1972, en tant que narrateur, dans César et Rosalie, en 1974 pour Vincent, François, Paul et les autres et en 1976 :Mado. Chabrol le dirige en 1971 dans La décade prodigieuse (puis en 1972 dans Noces rouges) ; cette année-là Philippe de Broca lui fera prendre La poudre d’escampette. Yves Boisset réalise en 1972 L’attentat ( en 1981, Espion, lève-toi et en 1982, Le prix du danger).

En 1972 : Le far-west de Jacques Brel ;1973 : Un amour de pluie de Jean-Claude Brialy ( il est le narrateur). Il obtient le prix d’interprétation masculine au festival international du film fantastique d’Avoriaz pour Themrox de Claude Faraldo. Francis Girod réalise avec lui en 1974 : le trio infernal( puis en 1976 : René la Canne et en 1978 : l’état sauvage).Il joue également dans le film la faille de Peter Fleischmann dont il est également coproducteur. En 1975, Jacques Rouffio met en scène 7 morts sur ordonnance, puis en 1978, Le sucre et en 1982 : La passante du Sans-Souci . Il prend Le mors aux dents avec Laurent Heyneman en 1979 et remporte le prix d’interprétation à Cannes pour son rôle dans Le saut dans le vide de Marco Bellochio. Avec Jacques Doillon, il tourne La fille prodigue en 1980 puis La puritaine en 1986. Il conquiert un ours d’argent à Berlin pour son interprétation dans le film de Pierre Granier-Deferre, Une étrange affaire. La même année il est le roi Louis XVI dans La nuit de Varennes d’Ettore Scola. En 1983, La diagonale du fou de Richard Dembo. Claude Lelouch le fait tourner en 1983 dans Viva la vie puis en 1984 dans Partir, revenir.Cette année-là il est sous la caméra de Youssef Chahine pour Viva Bonaparte. Il retrouve ce réalisateur en 1994 dans l’émigré.En 1986, Roger Hanin lui confie un rôle dans la rumba et Léo Carax pour mauvais sang. Il est Milou en mai pour Louis Malle en 1989.Jacques Rivette réalise en 1991 la belle noiseuse et Yves Robert le bal des casse-pieds.Pour Edouard Molinaro il prête sa voix à Chateaubriand dans le souper et joue dans Beaumarchais l’insolent en 1995. Il est à l’affiche de plusieurs films de Manoel de Olivera : 1996, Party, 2001, je rentre à la maison, 2006, Belle toujours et en 2007 dans chacun son cinéma- segment (film à sketch présenté à Cannes) il incarne Nicolas Kroutchev. Bertrand Blier dans les acteurs en 1999 et Claude Miller dans la petite Lili en 2003 le font tourner.

En 2007, il reçoit le léopard de la meilleure interprétation masculine à Locarno pour son rôle dans les toits de Paris d’ Hiner Saleem. En 2012 son personnage dans Habemus Papam de Nanni Moretti lui vaut le David di Donatello du meilleur acteur. Sous la direction d’Alain Resnais, en 2012, il tourne dans Vous n’avez encore rien vu.

Sa carrière théâtrale, commencée dès 1945 lui fait interpréter les personnages d’auteurs comme Vildrac Courteline, Pirandello, Strinberg, Audiberti, Claudel, Kleist, Félicien Marceau , Guitry….Il est dirigé par :Jean Vilar (1957 au festival de Strasbourg), Michel Vitold, Raymond Gérôme, Michel de Ré, Jean- Louis Barrault( en 1962 : la nuit a sa clarté de Christopher Fry) Peter Brook( 1981 : La cerisaie de Tchékov aux Bouffes du Nord( filméé pour la TV) ou en 2003 : Ta main dans la mienne de Carol Rocamora), Patrice Cherreau( 1985 : la fausse suivante de Marivaux, pièce qui sera diffusée à la télévision.) En 1984, dans une mise en scène de Luc Bondy, il est récompensé par le prix du meilleur acteur du syndicat de la Critique pour la pièce d’Arthur Schnitzer jouée au théâtre des Amandiers à Nanterre et en 2001 par le prix Europe pour le théâtre.En 2008-2009, il joue au théâtre de la Colline et dans d’autres lieux Minetti de Thomas Bernhard. Lui- même assure en 1988 la mise en scène de : une vie de théâtre de David Mamet aux Mathurins.

Dès 1950, la télévision lui donne de grands rôles sous les caméras de Stello Lorenzi et la célèbre caméra explore le temps, Pierre Badel, François Châtel, Claude Barma ; l’affaire Lacenaire, la marquise d’O, la dernière nuit de Koenigsmark, Montserrat sont quelques exemples sans oublier le rôle éponyme du Don Juan de Marcel Bluwal en 1965 avec Claude Brasseur. Plus tard, en 1980, il joue le docteur Teyran et Régis Warnier réalise sueurs froides. Il retrouve Roger Hanin qui le dirige dans un coupable en 1988 et Edouard Molinaro pour la ruelle au clair de lune puis les grandes familles. Il est le roi Lear dans la pièce de Shakespeare adaptée par Don Kent et joue en 2008 dans Myster Mocky présente Jean- Pierre Mocky.

Il a enregistré les fleurs du Mal de Charles Baudelaire et Gargantua de Rabelais. En 1995,il lit, au festival d’Avignon, pour Pierre Boulez de Pierre Boulez, compositeur Arnold Schoenberg avec Dominique Blanc et en 1996 poèmes et proses de René Char. Outre la chanson du film les choses de la vie, il enregistre en 1976 l’art d’aimer et est le narrateur d’Oedipus Rex d’Igor Stravinsky avec Jessye Norman. Il assure la reprise de la chanson le déserteur dans l’album hommage à Serge Reggiani en 2002.

2 livres sont édités, en collaboration pour le premier avec Alain Lacombe (Dialogues égoïstes) puis avec son ami Gilles Jacob( J’ai vécu dans mes rêves) ; il y écrit, car il avait l’angoisse de la mort : «  On voudrait que ça ne s’arrête jamais et cela va s’arrêter(…)c’est très difficile. »

Il s’éteint le 12 mai 2020 dans le manoir familial de Saint-Philibert sur Risle dans l’Eure, à 95 ans , des suites d’un accident vasculaire cérébral. Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimité selon le souhait des siens.

                                                                    Claudine

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
Un grand du cinéma, beau résumé de son talent.
Répondre

Présentation

  • : Le blog du CCL, le Ciné-Club de Lamorlaye
  • : Toutes les indformations sur l'activité du Ciné-Club de lamorlaye : dates de projection des film, des sorties, des expositions, ... Des commentaires sur l'actualité du cinéma, ...
  • Contact

nombre de visiteurs

                     contactez-nous

Recherche

AGENDA 2012-2013 du CCL

 Au Foyer Culturel pour des PROJECTIONS-DEBATS le samedi à 17h30 :

>7 ans au Tibet le 29 septembre

 >It's a Free World, le 27 octobre

>Tout le monde dit I love you, le 1er décembre

Liens