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2 mai 2020 6 02 /05 /mai /2020 23:37

Les Studios de Cinéma, lieux de tournage, que Georges Méliès à Montreuil nommait "Ateliers", sont des lieux mythiques de magie, parfois de drame. Ce sont d'immense surface qui occupent de trés nombreux corps de métiers. La plupart peuvent être visités lorsqu'ils persistent. Avec notre guide Claudine nous vous conduisons pour une tournée en France puis en Europe de l'Ouest.

STUDIOS DE CINEMA EN FRANCE 

 

Petit historique : Georges Méliès construit des décors avec des accessoires factices et édifie, en 1987, dans le jardin de sa maison à Montreuil un « théâtre de pose », de 17m sur 66, sous une toiture vitrée à 6 m du sol. Aux Etats- Unis, Edison fait de même, en plus grand et son bâtiment remplace le «  Black Maria ». A cette époque, les tournages avaient lieu sur le toit des immeubles où les décors bougent avec le vent. En 1898, Pathé édifie ses 1ers studios à Vincennes et les agrandit en 1904.Pathé fait de même à Paris en 1902 et ces lieux, rue de la Villette ,sont de 1905 à 1914 les plus grands studios français( en 1908, s’y trouve le plus grand théâtre de pose du monde avec une surface de 10 000m2). Eclair s’installe à Epinay en 1907.

Epinay-sur-Seine : En 1897, Labo-Eclair est une société créée par Charles Jourjon et Ambroise- Froiz Parnaland. De 1908 à1918, ce sera la 3ème firme derrière Gaumont et Pathé. Des réalisateurs comme Maurice Tourneur y participeront.L’activité de production d’Eclair cesse en 1922. Les studios sont loués par des metteurs en scène tels que Jacques Feyder, Marcel l’Herbier ou Jean Epstein qui y tourne La chute de la maison Usher en 1928, année qui voit s’amorcer une reprise avec , en 1929, un des 1ers films sonores, Le collier de la reine. A la mort de Charles Jourjon , son beau-fils achète les studios Tobis où ont été tournés Le million de René Clair en 1931 et La kermesse héroïque de Jacques Feyder en 1933. D’autres films furent réalisés : Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir en 1932, La grande illusion du même réalisateur en 1937, plaisir de Max Ophüls en 1952, Les tontons flingueurs de Georges Lautner en 1963, Le locataire de Roman Polanski en 1976, Moonraker, le 11 ème James Bond en 1979, Léon de luc Besson en 1994, Les visiteurs 2 de Jean-Marie Poiré en 1998, Le placard de Francis Weber en 2001, Amour de Michael Haneke en2012 et l’écume des jours de Michel Gondry en 2013. En 2009, ont été cédés au groupe TSF 4 plateaux de tournage ( un de 1500m2, 2 de 800 et un de 200). L’activité s’est un peu ralentie à la création des studios de Luc Besson.

La cité du cinéma : situé sur le site de l’ancienne centrale thermique EDF de Saint-Denis, entre la rue Ampère et la Seine, ce pôle cinématographique porté par le réalisateur Luc Besson( qui est le locataire du groupe Vinci jusqu’en 2024) est l’équivalent des grands studios européens précédemment mentionnés par ses 15 000m2 de bureaux et ses 9 plateaux de tournage sur 11 000m2. Le 1er tournage fut celui des Schtroumpfs , puis de La ch’tite famille, Valérian et la cité des 1000 planètes ou la série Bureau des légendes.

Bry-sur-Marne : Studios parmi les plus grands de France avec 7 plateaux sur une superficie de 20 000m2, ils ont été construits en 1987 par la SFP qui y tourna des émissions comme : Le juste prix, Les Z’amours, Les années bonheur, Le plus grand cabaret du monde et pour Canal + la série Versailles. La Société Transpalux qui en est le nouveau propriétaire, après maintes pétitions contre la fermeture envisagée du site, s’oriente davantage vers le cinéma : Le crocodile du Botswanga, Victoria, Hunger Games, L’odeur de la papaye verte.

Dans le midi : En 1913, Gaumont inaugure à Nice un théâtre de prise de vues vitré et un laboratoire de développement de films, surnommé la cage à mouches. 1916, Marseille devient un centre de productions national avec la création du premier studio permanent dans le quartier de la Croix-Rouge par la société Phocéa Films.

Studios de la Victorine : A Nice, dans le quartier Saint-Augustin, situés sur un domaine de 7 hectares, ayant appartenu au duc de Masséna qui lui donna le nom de sa nièce, Victoire, ils sont créés en 1920 par Louis Nalpas, producteur indépendant des films Louis Nalpas ( déjà installé dans une villa sur la colline de Cimiez) et par Serge Sandberg, adjoint de Charles Pathé. Après maints projets et surtout des difficultés financières, Nalpas revend ses parts. Les studios sont vendus en 1923 à une société de production appartenant à Louis Ricaud, ex-administrateur de Pathé Cosortium. Ce seront ensuite 3 années très brillantes sous la direction du réalisateur hollywoodien, Rex Ingram auteur du film Les 4 cavaliers de l’Apocalypse avec Rudolph Valentino .Il modifie les lieux, les agrandit, leur adjoint une piscine. Une revue spécialisée de l’époque soulignait le caractère exceptionnel d’un tel complexe cinématographique en France. 6 films y furent tournés en 1926, 7 en 1927 : soit 3 fois plus qu’ailleurs en France. Hitchkock y tourna une scène de son 6ème film Le passé ne meurt pas. Ne pouvant mener de front ses activités de réalisateur et de directeur de studios, Ingram loue les lieux qui connaissent un tel succès que les plateaux sont réservés longtemps à l’avance par les productions étrangères et qu’on refuse de ce fait certains tournages. Les studios sont sonorisés en 1930 et deviennent la propriété de Gaumont en 1932. Après l’Armistice, tout le cinéma français se réfugie à Nice et à Marseille, que l’on évoquera plus loin avec Marcel Pagnol. Durant la seconde guerre mondiale 20 films y furent tournés sur les 120 de la production nationale : Les visiteurs du soir de Marcel Carné en 1942, L’éternel retour de Jean Delannoy en 1943, Les enfants du Paradis - tourné entre août 1943 et juin 1944 mais sorti en 1945. Les liens étroits avec Cinecitta permirent à de nombreux jeunes gens d’échapper au STO. Bien des années plus tard, la ville de Nice reprend les studios en leur redonnant leur nom d’origine et en 2018 un comité Victorine voit le jour.

Marcel Pagnol et le cinéma : Il aimait rappeler qu’il était né en même temps que le cinématographe, en 1895, année de la projection du film des frères Lumière, Arrivée d’un train en gare de la Ciotat. C’est en 1929, après avoir assisté à Londres à la projection de Broadway Melody, un des 1ers films parlants, qu’il prend la décision de faire du cinéma. Il s’intalle à Marseille, 11, rue Mermoz en 1937. La Paramount veut acheter les droits de sa pièce Marius. Il accepte de ne toucher qu’1% des recettes si le film est tourné avec les créateurs au théâtre : Raimu, Pierre Fresnay et Charpin. En échange, la firme exige que le réalisateur soit américain et ce sera Alexander Korda. Puis en 1932, sans son accord, la même société acquiert les droits de Topaze et refuse de produire Fanny. Il utilise donc ses propres structures de production et crée les artistes associés puis les films Marcel Pagnol en 1934. Pour ses studios, il ajoute un plateau aux laboratoires installés impasse des Peupliers et y tourne les intérieurs de César et une grande partie du Schpountz. Il rencontre Jean Giono en 1932 et le décide à lui confier la mise en scène de ses romans. Ce seront : Angèle en 1934 et Regain en 1937. Devenu riche, il devient producteur et fonde sa propre société à Boulogne-Billancourt et au Prado. Il achète en 1934, au-dessus de la Treille, petit village qu’il évoque dans ses souvenirs d’enfance et où son frère est enterré, un domaine de 24 puis 40 hectares dont il voulait faire son "Hollywood provençal". En 1937, les vastes hangars de la rue Jean Mermoz, d’anciens chais, comprennent 2 plateaux de tournage insonorisés et éclairés, une salle de visionnement, un atelier de construction de décors, 3 loges et la possibilité de ranger les accessoires. Il les loue quand il ne tourne pas. Durant la guerre, il se soustrait aux pressions du président de la Continentale : «  Les Allemands voulaient que je fasse des films pour eux et moi j’ai refusé. » En décembre 1941, la production  "Films Marcel Pagnol " projette le film : "Français, vous avez la mémoire courte ». Il interrompt en 1942 le tournage de Prière aux étoiles, film qui ne sera jamais terminé et dont il détruit la pellicule. Sous prétexte de maladie, il vend à Gaumont les studios qui prennent différents noms : Saint-Maurice de Marseille, Franstudios. Y seront tournés, La table aux crevés en 1951, Razzia sur la schnouf en 1955, 3 de la Canebière en 1956 et Le naïf aux 40 enfants en 1957. Ils sont détruits par un incendie en 1962.

Il achète, sans l’avoir vu, le 21 juillet 1941 le château de la Buzine, dans le 11 ème arrondissement de Marseille. Il porte le nom donné en 1667 par Henry de Buzens, écuyer de la ville de Marseille. En 1865, le propriétaire, un entrepreneur et architecte, fait raser l’ancienne bastide et édifier un château dans un style rappelant celui de Violet le Duc et crée un parc d’environ 40 hectares grâce à l’eau du canal. De nombreux propriétaires se succèdent jusqu’à son acquisition en 1936 par le Crédit de France. Il reconnaît en s’y promenant quelques jours plus tard  "l’affreux château, celui de la peur de ma mère". Les Allemands le réquisitionnent en 1942 ; il sera une maison de repos du marin allemand. Pagnol achète le domaine de l’Etoile à la Gaude, où il emploie le personnel de ses studios à la culture des œillets. A la Libération, s’ installent successivement à la Buzine une patrouille de Francs-Tireurs Partisans, un Etat-Major, une infirmerie, le Consulat général de Pologne puis des réfugiés espagnols. Pagnol vend le domaine en 1973 à Kaufman et Broad. En 1982 naît le Parc des 7 Collines composé de 249 villas. En 1991, une association de sauvegarde intervient pour sauver le château qui est une ruine, quand Yves Robert tourne son film, le château de ma mère, le cadre est celui du château d’Astros à Vidouban dans le Var. Le classement à l’inventaire des Monuments Historiques est prononcé en1997. Rénové en 2006 par l’architecte Stern, il est inauguré en 2011 et devient la maison des Cinématographies de la Méditerranée.

Studios Paul Ricard : L’industriel «  prince des anisetiers » et amateur d’art fonde la société Protis en 1949-1950.  " Comme Marcel Pagnol vendait ses studios de la rue Jean Mermoz, je rachetai le matériel et montai mes propres studios à Sainte- Marthe, terrain de 3 hectares, dans un très vaste local construit spécialement. Je me mis à produire des films en couleurs bien sûr, ce qui n’existait pas encore en France, alors que les Américains produisent du technicolor déjà avant-guerre. » dans La passion de créer, Albin-Michel . Inaugurés le 18 novembre 1952, les studios sont composés de 2 plateaux, l’un de 495 m2 avec piscine, l’autre ouvrant sur un terrain nivelé de 945 m2 qui facilite les tournages en extérieur, de locaux techniques, loges, dépôts d’accessoires. Un bassin permanent permet les prises de vue sous-marines. Quelques longs métrages y seront produits et tournés : La caraque blonde en 1953, Le tournant dangereux en 1954, Honoré de Marseille en 1956, 4 pas dans les nuages en 1956 et La blonde des tropiques en 1957. La société devient un des leaders internationaux du documentaire et le documentaire, Toutes les ailes dansent obtient un Grand Prix du court-métrage. Les studios ferment à la fin des années 50.

Le pôle média de la Belle-de- Mai : Le lieu, unique en Europe, a été annexé par le tournage sans interruption depuis 2004 du feuilleton Plus belle la vie. Le plus haut plateau d’Europe (17 m sur 1000m2), un plateau de 800m2 sur 11 m de hauteur et un de 850m2 et 6.5m de haut. Un autre a été construit depuis que le commissariat est devenu un décor récurrent dans la série. L’équipe d’environ 20 réalisateurs se succède et les plateaux sont occupés toutes les semaines, pendant que, une semaine sur 2, certains tournent en extérieur. 

Les studios de Boulogne ( situés à Boulogne- Billancourt entre l’avenue Jean-Baptiste Clément et la rue de Silly).

Ils furent fondés en 1941 par le producteur et réalisateur Léo Joannon, un acteur Jean Brochard et son frère Marcel, un industriel qui deviendra le directeur général. Agrandis en 1948, ils comportèrent jusqu’à 8 plateaux dont certains aux normes américaines sur une surface de 12 000 m2. 343 longs métrages y furent tournés avant leur transformation en 1990. Rachetés par la SFP, rénovés en 1999 avec 4 plateaux de 150 à 1000 m2, une dizaine de salles de montage, 2 auditorium, ils sont la propriété depuis 2015 du groupe Vivendi ( Canal Factory) et y sont enregistrées des émissions comme :Touche pas à mon poste, le grand journal ou Canal foot club.

Les studios de Billancourt ( dits studios du point du jour) furent créés en 1922 par Henri Diamant-Berger dans des bâtiments de construction de carlingues d’avions Niepce et Felterer. Ce furent les 1ers studios modernes français. Leur nom était : Studios –usine Eclipse avant 1926 puis, lors de leur rachat ils devinrent : Paris studios cinéma. Détruits par un incendie en 1933, ils furent reconstruits en plus grands avec une salle de 15 mètres de haut et des passerelles modulables. Les décorateurs Alexandre Trauner et Eugène Lourié, le chef opérateur Henri Alekan et un savoir faire technique leur confèrent la 1ère place en Europe .En 1941, durant l’occupation allemande, les studios sont loués par la Continental Films et durant 3 ans environ 30 films français y seront tournés, comme Le corbeau, L’assassin habite au 21,L’assassinat du père Noël. Après la guerre, les principales productions cinématographiques seront tournées aux studios de Boulogne. Ensuite Paris studios Cinéma s’associe avec les studios Eclair puis en 1981 avec Vidéo Télé France. Fermés en 1992, détruits en 1995, Canal + y a construit un bâtiment pour installer son siège social , rôle qui n’est plus rempli maintenant.

Parmi les films tournés dans ces lieux, citons : la chienne de Jean Renoir en 1931, Hôtel du Nord de Marcel Carné en1938, les inconnus dans la maison d’Henri Decoin en 1942,la valse de Paris de Marcel Achard en 1950, Casque d’Or de Jacques Becker en 1952, 125, rue Montmartre de Gilles Grangier en 1959, Arsène Lupin contre Arsène Lupin d’Edouard Molinaro et Le jour le plus long en 1962,Charade de Stanley Donen en1963, Le train de John Frankenheimer et Topkapi de Jules Dassin en 1964, Max et les ferrailleurs de Claude Sautet en 1971, Borsalino and co de Jacques Deray en 1974, le dernier métro de François Truffaut en 1980, Pédale douce de Gabriel Aghion et Ridicule de Patrice Lecomte en 1996, Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson en 2006.

                                                                     Claudine

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