Sex symbol des années 50 et jeune rivale de Martine Carol, éclipsée par Brigitte Bardot puis délaissée par la Nouvelle Vague, cette comédienne exigeante et discrète a su, à la maturité, diversifier ses emplois tant au cinéma qu’à la télévision.
Née le 9 juin 1931 à Constantine en Algérie française, Françoise Gautsch est poussée par sa mère, qui a paru au théâtre avec Charles Vanel sous le nom de Janine Henry, dans le domaine artistique. Elle prend des cours de danse à Rabat puis à Casablanca où son père, ancien général, a monté une affaire dans le domaine de la pêche et y reste quand en 1945 la famille s’installe dans le sud-ouest puis dans le XVIème arrondissement. C’est un des prénoms de celui-ci (Charles Lionel Honoré Arnoul) qu’elle choisit comme nom de scène. Au lycée Molière ses amies sont Yvonne Roussel, la sœur de Michèle Morgan qu’elle rencontre lors de la sortie du film La symphonie pastorale et Danièle Heymann, fille du réalisateur Claude (avec lequel elle tourne en 1952 : Adieu Paris). Pressentie par Marc Allégret pour un rôle dans Les lauriers sont coupés, elle est reçue par son assistant Roger Vadim mais le film, avec Brigitte Bardot, ne se fait pas. Elle délaisse les études en classe de seconde au profit de cours d’art dramatique où elle côtoie Michel Drach (qu’elle retrouve en 1965 dans la série télévisée Le train bleu s’arrête 13 fois), Roger Carel et Roger Hanin. Elle signe un contrat avec une agence et fait une 1ère figuration non créditée dans Rendez-vous de juillet de Jacques Becker. En 1948, Willy Rozier lui donne son 1er grand rôle dans L’épave, où les scènes déshabillées sont truquées : elle est mineure.
Elle rejoint Ray Ventura et ses collégiens dans la comédie musicale de Jean Boyer Nous irons à Paris en 1950. Sous la direction d’Henri Verneuil ce sont : Le fruit défendu en 1952, Le mouton à 5 pattes en 1954,2 films avec Fernandel, Des gens sans importance en 1955 avec Jean Gabin et les amants du Tage d’après Joseph Kessel avec Trevor Howard et Marcel Dallio et Paris palace hôtel avec Charles Boyer en 1956. En 1952, elle tourne sous la direction d’Henri Decoin Le désir et l’amour puis l’année suivante Les amants de Tolède et Le dortoir des grandes avant d’incarner Cora, l’espionne sanglée dans un ciré noir dans La chatte en 1958 puis La chatte sort ses griffes avec Roger Hanin et Bernard Blier. Ralph Habib réalise en 1952 La fête de l’adieu avec Jean-Claude Pascal et Jean Carmet, en 1953 Les compagnes de la nuit avec Marthe Mercadier et Raymond Pellegrin qu’elle retrouve en 1954 dans La rage au corps et Secrets d’alcôve dont il met en scène le sketch Riviera express.
En 1954, pour Jean Renoir, elle est Nini la petite blanchisseuse engagée par l’organisateur de spectacles Danglard (Jean Gabin) pour remettre au goût du jour dans ces années 1900 le cancan, une danse oubliée ; elle est entourée de Maria Felix, Michel Piccoli, Giani Esposito et Jean-Roger Caussimon. Elle rencontre sur le tournage Georges Cravennes (1914-2009), futur créateur des Césars. Ils se marient en 1956 et divorcent en 1964. Sont témoins de leur union Maurice Chevalier et Pierre Lazareff.
Sa carrière cinématographique fait mention de 70 films environ. Dans son livre de souvenirs écrit en collaboration avec Jean-Louis Migalon et paru en 1995, Un animal doué de bonheur, elle indique : « Je n’ai jamais été vraiment intéressée par ma carrière ; je joue dans des films qui me plaisent avant tout » Elle est la comtesse Bassano dans Si Paris m’était conté de Sacha Guitry mais sa scène dans Napoléon est coupée au montage. Elle fait une apparition aux côtés de BB dans En effeuillant la marguerite de Marc Allégret en 1956 et tourne avec Marcel Carné Le pays d’où je viens. L’année suivante, elle rejoint Robert Hossein dans Sait-on jamais de Roger Vadim et joue dans C’est arrivé à 36 chandelles d’Henri Diamant-Berger. Ce sont ensuite Cargaison blanche de Georges Lacombe et Thérèse Etienne de Denys de la Patellière puis Asphalte d’Hervé Bromberger en 1959 comme Le chemin des écoliers de Michel Boisrond où elle est, dans cette adaptation de Marcel Aymé, la maîtresse d’Alain Delon et La bête à l’affût de Pierre Chenal. Pierre Kast réalise en 1960 La morte saison des amours puis en 1963 Vacances portugaises. En 1962, elle participe à 2 films à sketches ; l’un de Claude Barma Françoise dans Les Parisiennes et l’autre de Julien Duvivier dans Le diable et les 10 commandements avec Micheline Presle et Mel Ferrer. Elle figure également dans un caméo (brève apparition d’une vedette qui n’est pas toujours mentionnée au générique) pour Jean Cocteau dans Le testament d’Orphée.
En 1964, sur le tournage de Compartiments tueurs de Costa-Gavras (son rôle n’est pas crédité), elle rencontre le réalisateur Bernard Paul dont elle sera la compagne jusqu’au décès de celui-ci en 1980. Pour lui, elle met sa carrière en sommeil. Avec Marina Vlady, ils fondent une société de production « Francina » qui financent les 3 longs métrages du metteur en scène : Le temps de vivre en 1969, Beau masque d’après Roger Vailland en 1972 et Dernière sortie avant Roissy en 1977 dans lequel elle joue. Proche de Simone Signoret, elle signe en 1966 le manifeste des 343 pour la libéralisation de l’avortement.
Sa carrière se poursuit avec Le congrès s’amuse de Géza von Radvanyi avec Curd Jürgens en 1966, puis Le dimanche de la vie de Jean Herman. En 1974 elle rejoint Daniel Gélin dans Dialogues d’exilés de Raoul Ruiz et devient la mère d’Isabelle Adjani dans Violette et François de Jacques Rouffio avec Jacques Dutronc et Serge Reggiani. 1984 : Ronde de nuit de Jean-Claude Missiaen ; 1986 : La mouche (court-métrage) ; 1987 : Nuit douce de Guy Gilles ; 1989 : Voir l’éléphant de Jean Marboeuf (avec lequel elle tourne Temps de chien en 1996 et pour la TV Billard à l’étage la même année puis en 1998 L’alambic) ; en 1992, elle est aux côtés de Charles Aznavour dans Les années campagne de Philippe Leriche. Les scènes tournées pour Agnès Varda dans Les cent et une nuits en 1995 sont coupées au montage. En 1997, elle préside La caméra d’or au festival de Cannes et sa prestation dans Post coïtum animal triste de Brigitte Rouan est saluée par la critique. En 2000, elle figure au générique de Photo de famille de Xavier Barthélemy et de Merci pour le geste de Claude Farraldo. En 2016, elle tourne Le cancre de Paul Vecchiali.
Si elle n’est présente au théâtre que sur la scène des Célestins en 1966 pour la pièce d’Albert Camus Les justes, il n’en est pas de même pour le petit écran qu’il s’agisse de téléfilms ou de feuilletons comme Les 5 dernières minutes en 1994 ou L’instit en 1998. Avec Carlo Rim, qui l’avait mise en scène au cinéma en 1951 dans La maison Bonnadieu, elle joue Les Tombales. Elle retrouve Jean Renoir en 1970 pour son Petit théâtre dans Le roi d’Yvetot avec Fernand Sardou et Jean Carmet. En 1981 Juan Bunuel réalise Les héritiers, Serge Moati Mon enfant, ma mère et Jean-François Claire L’automate. Didier Decoin réalise en 1982 L’amour s’invente. Pierre Kast et Maurice Dugawson adaptent en 1985 le roman de Boris Vian L’herbe rouge avec Jean-Pierre Léaud et Jean-Claude Brialy. La même année Guy Gilles tourne Un garçon de France d’après Pascal Sevran. En 1988, ce sont La garçonne d’Etienne Périer et L’étrange histoire d’Emilie Albert de Claude Boissol puis en 1989 V comme vengeance de Claude Boissol et Héloïse de Pierre Tchernia en 1991. En 2005, Philippe Laïk tourne une adaptation du roman de Georges Simenon Le voyageur de la Toussaint.
Elevée en 1995 au rang de Commandeur des Arts et des Lettres, elle s’éteint le 20 juillet 2021 à l’hôpital des suites d’une longue maladie.
..............................................................................................................................Claudine