Après la projection du film WATER de Deepa MEHTA
La réalisatrice Deepa Mehta est Indienne et Canadienne à la fois. Née à Amritsar en 1950, au Pendjab (nord-ouest de l’Inde) où est le Temple d'Or, haut lieu du culte sikh. Elle a fait ses études de philosophie à New Delhi. Puis elle émigre au Canada à 23 ans. Elle y réalise de nombreux films et obtient des prix prestigieux. On dit d'elle qu'elle a « la capacité de faire éprouver au spectateur une empathie au-delà des frontières ». Le film « Water » fera partie d'une trilogie : le feu, la terre et l'eau. « Fire » sort en 1996, « Earth » tourné à New Delhi en 1998, adaptation d'un roman : « Craquing India » obtient le 1
er prix du public au festival asiatique de Deauville en 1999 et reçoit une standing ovation.
« Water » a été tourné en Inde, en 2005, et, avant même d'être terminé, il déchaîne les passions, et l’on comprend pourquoi. Le sujet est émouvant, bouleversant servi dans des images d'une rare beauté, d’une grande douceur où domine la couleur bleue,servi par David Hamilton. Même si l'époque a changé et les mœurs évolué, ce film dénonce
des lois faites par «les Dieux» pour les hommes. Il nous plonge dans l'Inde coloniale de
1938, alors que Gandhi arrive au pouvoir et recherche l'indépendance vis à vis des Britanniques....
Narayana, le jeune homme de l'histoire, issu de famille brahmane, donc très aisée, est un adepte de Gandhi qui n’apparait qu'en filigrane, par très petites touches. Son père est tout autre. Il n'a pas le même idéal. L'histoire de la petite
Chuya, veuve à 7 ans, ne peut manquer de toucher, pas moins que celle de la très belle
Kaliani. Nous apprenons que les veuves envoyées dans « une maison pour les veuves » à la mort de leur mari devaient y faire pénitence, cloîtrées sans l'être tout à fait. Ces femmes-parias prient, mendient, attendent la mort sans rien avoir à espérer. Elles vivent dans une grande promiscuité, victimes des mesquineries ou du pouvoir des plus fortes. L'arrivée de cette enfant « vivante » va changer la vie de ces femmes qui toutes à leur manière vont chercher à l'attirer vers elle. Cette « petite souris », c'est le sens de « Chuya », dérange longtemps et permet de mesurer la liberté dont nous bénéficions en Occident, actuellement,
bien qu’à ce jour le statut des femmes-divorcées reste d’actualité pour l’Eglise chrétienne.
Pourquoi ce titre, « Water » peut-on se demander ? ...Parce que cet élément est omniprésent tout au long des images : l'eau qui purifie, que l’on boit, l'eau que l'on traverse, l’eau des pluies, l’eau qui ensevelit, l’eau de la Vie et de la Mort. Enfin, cette œuvre permet de découvrir ou re-découvrir un peu de cette Inde si grande, si différente, sous-continent de1 milliard 200 millions habitants, si diverse à travers ce film. Personnellement, je ne connais qu'un peu du Rajastan, d'Agra, de Benares et de l'Inde du sud, mais je peux dire que même si le temps a passé, de nombreux éléments subsistent dans l'Inde actuelle et particulièrement cette Foi qui imprègne tous les moments de la vie avec ses fleurs, ses temples, sa sonorité, ses couleurs, ses peuples : au-delà des saris nous voyons la façon de prier, de se purifier, d'apporter des offrandes, au bord des bassins, des lacs ou des fleuves, dans les eaux de « Water » .
Marianne